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    Nightshade, d'Andréa Cremer =(

     

    Petite introduction :

    Je tiens à dire que j'ai longuement hésité avant de publier cette chronique ici, parce que ce que j'ai pensé de Nightshade diffère beaucoup des avis que j'ai eus sur les autres livres dont je parle dans ce chapitre Chroniques. Nightshade a été fortement sujet de controverse sur le site de Gallimard Jeunesse, en témoigne notamment (je dis bien notamment) le long débat de cette page : http://groups.skyrock.com/group/8a2m-ON-LIT-PLUS-FORT-Harry-Potter-Fantasy/article-85308. Il semble qu'il n'attire que les passions : soit on adore, soit on déteste ou carrément, on méprise.

    J'ai finalement décidé de poster ma chronique, parce qu'après tout ça peut être un conseil qui servira à certains... En tout cas si vous n'arrivez pas à vous décider, amis lecteurs, après avoir lu cette chronique, vous pouvez aller faire un tour à l'adresse donnée plus haut et naviguer sur le site de Gallimard Jeunesse, où chacun a donné son avis.

     

     

    Petite introduction à ce long commentaire : 

    Tu as beaucoup de choses à dire sur ce premier roman d'une trilogie qui s'avèrera finalement peut-être prometteuse. Tu as mis ici toutes les critiques qui t'ont habitée pendant une bonne partie de la lecture, mais ton avis s'est adoucit après avoir dépassé le milieu du livre, et comme il annonce une trilogie, tu es finalement intéressée par la suite. Qu'on ne s'attarde pas forcément sur les critiques, dont tu as conscience qu'elles sont parfois violentes ; tu tiens juste à préciser que tu vas adoucir à la fin de ton long réquisitoire, que tout n'est pas noir et que, finalement, malgré tout, tu recommandes quand-même la lecture de Nightshade, parce qu'il annonce deux tomes bien plus personnels, plus convaincants que la première partie du tome 1. 

    ***

    Ca a été la surprise de ton week-end. En plein coeur d'une automne mourante, ployant sous le joug des nuées de devoirs à faire, tu n'as pas eu une minute pour penser à toi, et encore moins pour te faire plaisir. Alors quand, le nez coincé entre les pages antipathiques de ton classeur de Latin et d'un Bescherelle de langue ancienne, tu découvres tout d'un coup un gros paquet moelleux trônant au bout du bras satisfait de ta mère, tu lâches tout et tu te précipites sur le nouveau salut ! Quel plaisir de découvrir un bon gros livre bien rempli, qui semble peser sous les mille débris de rêves emprisonnés à l'intérieur et qui n'attendent que l'escalier de ton imagination pour s'échapper de nouveau ! Tu ne résistes pas longtemps à la tentation : tu fonces tête baissée dans cette porte vers un monde qui t'appelle.

    Mais... tu vas vite être déçue. Non pas que Nightshade soit un livre totalement inintéressant, seulement tu as eu tendance à penser cela pendant une bonne partie de ta lecture, avant d'arriver aux trois quarts où l'histoire semble enfin se détacher un peu de... Twilight. Tu as vraiment eu l'impression, pendant plusieurs centaines de pages, que c'était un parfait plagiat, vainement maquillé par l'auteure, et qui véhiculait des idées bien plus violentes encore que celles laissées au fil des pages de Twilight. Derrière une histoire gentille en effet, Twilight témoigne surtout des idées très chastes d'une écrivaine mormone, quoique ses propos puissent être respectables : après tout, si l'idée d'une chasteté avant le mariage séduit Stéphanie Meyer et qu'elle fait ressortir ses goûts dans ses romans, quelle objection peut-on y faire ? Mais dans Nightshade, ça va beaucoup plus loin. Il s'agit d'un groupe d'humains pouvant se changer en loups, mais ils sont considérés comme des bêtes ; les femmes sont appelée femelles, les hommes mâles, et les femelles sont totalement soumises aux mâles qui, quant à eux, ont tout pouvoir. Mais l'histoire n'est pas présentée du tout comme une critique de ce système, et là est tout le problème : pendant des pages et des pages, tu as été persuadée que l'auteure t'étalait ses idéaux. Des femmes soumises, des hommes machos, le tout contrôlés par des magiciens puissants et antipathiques, censés faire le bien, qui dirigent les hommes-loups comme des pions. il n'y a qu'à la fin, vraiment, que tu comprends la critique, mais... tu sais que d'autres livres, en nous présentant une situation assez horrible, faisaient en sorte de laisser des indices pour que le lecteur comprenne, sente la critique. Le problème de ce début de livre, c'est qu'il n'y a pas d'indices, et qu'on se croit face à l'"apologie" d'un système ultra-malsain.
    Mais ce n'est pas tout. Les personnages et l'intrigue ressemblent énormément à Twilight, au moins jusqu'aux deux-cents premières pages (oui, c'est beaucoup). Pas de vampires mais des succubes et des incubes, si vous cherchez bien, ces créatures qui, au lieu de vous sucer le sang, se nourrissent de votre âme ; les personnages principaux sont des loups qui ressemblent en de très nombreux points aux faux loups-garous de Twilight, si ce n'est qu'ils ne sont pas indiens. L'héroïne, plus précisément, a dix-sept ans et s'appelle Calla (quelle ressemblance avec Bella...), elle est promise à un beau jeune homme admiré de toutes les filles, à la différence près qu'elle n'est pas sûre de l'aimer et qu'il est un dom Juan. Mais on a bien un trio, avec l'arrivée d'un mystérieux nouveau au lycée de la Montagne (tiens, un lycée étrange, perdu, isolé... Ca ne rappelle rien ?), qui vient bouleverser tous les plans. Humain, il rappelle à la fois Bella (et Calla prend alors la place d'Edward, forte, qui veut sans cesse le protéger) par sa fragilité et Jacob par son humour, sa complicité avec Calla/Bella et son désir de la faire sienne. "Je ne renoncerai pas" dit-il à un moment (Tentation et Hésitation : pareil...) 
    En plus de cela, la majorité des intrigues se passent dans la salle de... Chimie. Pendant les TP... Encore une fois, tu ne peux t'empêcher de penser à Twilight, c'en est agaçant.

    Autre critique : l'histoire commence à la fois très vite et très lentement ; tu es poussée dans l'action, comme ça, dès la première page, et tu n'as pas le temps de réaliser que déjà, Calla a sauvé Shay d'une mort certaine - ce que nous dit le résumé en quatrième de couverture. Tu ne réalises pas son amour pour Shay parce que l'auteure a une fâcheuse tendance à oublier de décrire : elle passe sur les sentiments des personnages, qu'elle n'analyse pas en profondeur, de telle sorte qu'on a très souvent l'impression de flotter au-dessus des pages sans jamais vraiment rentrer dedans, sans jamais vraiment se sentir trop complice avec ces personnages d'autant plus figés qu'ils sont très clichés : Calla, la belle jeune fille inaccessible, sauvageonne, indépendante, forte et qui se transforme en louve blanche... Shay et Ren, tous deux magnifiques, musclés, sans défaut... Que ressentent-ils précisément ? Il ne suffit pas de dire : "il était si beau qu'il me fit trembler et que mon coeur se mit à battre". Ces mots sont si courants que tu ne ressens rien du tout quand tu lis cela.
    Et puis les dialogues du début, qui sont censés présenter la situation en détails, se veulent fins mais ils sont très vite pesants : ils ne sont là que pour présenter l'histoire, ils insistent lourdement dessus, et sont donc très creux (du genre : "Alors, prête pour l'union avec Ren ? - Oui, ne t'en fais pas. - A ce qu'il paraît, c'est un garçon charmant, même si son père ne l'est pas du tout. - Non, mais j'aime beaucoup Ren, nous nous entendons bien. - Tu es sûre ? - De toute façon nous le savions depuis notre naissance, nous avons été promis l'un à l'autre au moment où nous avons vu le jour, tu te rappelles ?".) 
    De plus, ils ne présentent finalement pas les personnages eux-mêmes, leur manière de penser, leur caractère, et c'est bien dommage. Ils s'expriment de manière uniforme, clichée...

    Voilà ce que tu reproches majoritairement à ce livre : l'alternance de longues scènes creuses, au lycée, avec des dialogues parfois répétitifs, d'autant plus qu'ils ont très souvent lieu en cours de chimie, ce qui devient lassant ; et puis de scènes d'actions dans lesquelles tu penses enfin avoir un peu d'adrénaline, mais qui sont si vite racontées, qui passent si vite sur les détails, que rien n'est impressionnant, tu n'arrives pas à rentrer vraiment dans l'histoire (exemple : "Soudain les deux hommes attaquèrent ; je n'attendis pas qu'untel ait disparu au coin de la rue pour me jeter au cou du premier individu, qui tenta de résister mais sans succès : en un clin d'oeil, je fus sur sa gorge, ma mâchoire serrée sur sa trachée. J'abandonnai le cadavre et me tournai vers le deuxième adversaire qui me faisait face..."). Et les émotions des personnages, argh, c'en est rageant ! Ils changent bien trop vite d'état d'esprit ! Ils apprennent quelque chose d'horrible, sont bouleversés pendant cinq minutes puis l'histoire repart comme si de rien n'était !

    A cela s'ajoutent quelques détails de traduction, mais tu penses qu'étant donné que le livre que tu as reçu est une épreuve non corrigée, peut-être n'est-il pas totalement remanié, ce qui explique tout d'abord les nombreux mots qui manquent quelquefois (fautes de frappe etc.), et puis peut-être aussi une traduction étrange, qui alterne des passés simples/imparfaits avec des passés composés, temps incompatibles puisque les deux premiers relèvent du passé éloigné, le passé du récit, et que le deuxième (passé composé) se rattache directement au présent, et est très souvent employé non dans le récit mais dans le langage oral. Du coup, la lecture en devient laborieuse, car ce mélange est très déstabilisant (exemple : "Je m'approchai de lui en silence, perdue dans ses yeux sombres. Il me regarda m'avancer, ses mains se tendant vers moi dans un geste d'une tendresse qu'il voulait timide. Je ne savais pas comment lui dire que je l'aimais. Je voulus parler, mais il m'a demandé silencieusement de me taire, et je lui ai obéi [...]"). 

    CEPENDANT, si une bonne partir de ce tome 1 est assez décevante, tu restes plus enthousiaste concernant la dernière partie du roman, qui commence enfin à se préciser et confère au livre un caractère déjà un peu plus propre. Petit à petit, on s'éloigne de Twilight et Calla devient un peu moins distante par-rapport à toi, moins parfaite, moins impersonnelle. S'il reste toujours un trio amoureux, il finit par avoir des caractéristiques propres. Il est vrai que cela ressemble tout de même un peu à une autre histoire de Stephenie Meyer, Les Âmes Vagabondes, surtout à la toute fin... L'auteure doit certainement être très - trop - influencée par la mère de Twilight. Mais bon, encore une fois, Nightshade tend à prendre un caractère propre, le suspense pointe enfin le bout de son nez, les révélations rendent l'intrigue plus intéressante.

    Bien entendu, il est certain que beaucoup aimeront cette ressemblance avec Twilight, aussi cet avis n'est que ta voix, parmi d'autres, et peut-être ces critiques seront-elles même perçues par certains comme des compliments, tout dépend des points de vue. Aussi tu n'es pas dans l'optique de condamner ce livre, et même, tu attends déjà de pouvoir découvrir le deuxième tome - car oui, ça t'intéresse, tu es restée sur un moment de suspense important et tu t'es finalement attachée aux personnages. Alors tu as déjà noté dans un coin de ta tête la date d'Octobre 2011. Tu ne regrettes pas de l'avoir lu jusqu'au bout, de t'être accrochée au début : tu as peut-être découvert, non pas forcément un petit chef-d'oeuvre "époustouflant et sexy" comme le dit Becca Fitzpatrick en quatrième de couverture, mais une trilogie intéressante, derrière des débuts timides et hésitants.

    Ainsi tu souhaites une bonne lecture à tous, et tu espères pouvoir dire "à bientôt pour une nouvelle chronique !" En attendant, tu souhaites un joyeux Noël à tout le monde =)

     

     

     

     

    Chronique réalisée pour le compte de Gallimard Jeunesse sur leur site : http://groups.skyrock.com/group/8a2m-ON-LIT-PLUS-FORT-Harry-Potter-Fantasy/9

     



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    Ce Que j'ai vu et pourquoi j'ai menti, de Judy Blundell

     

     

    Comme toujours, entendre la voix de ta mère qui te crie en bas des marches : "J'ai une surprise !" et descendre quatre à quatre pour découvrir la géniale enveloppe de Gallimard Jeunesse, ça t'a fait littéralement sauter de joie. C'est toujours le même plaisir que de recevoir un livre à chroniquer, ne serait-ce que parce que cela te rappelle la confiance et le temps que témoigne Gallimard à quelques heureux élus... Quel bonheur ! Bon, forcément, ça t'a fait bizarre de découvrir un paquet aussi léger, bien plus petit que celui de Terrienne. Tiens, un livre dont la couverture n'est pas blanche, cela faisait longtemps. Tu connais cette couverture, tu l'as vue en photo sur le site de Gallimard. C'est vrai que le livre de Judy Blundell ne t'avait pas particulièrement attirée, tu ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que tu as toujours eu du mal avec les couvertures qui ne sont pas des dessins mais des photographies de personnes réelles. Tu as lu le résumé, curieuse, mais là non-plus, il ne révélait pas grand-chose et n'était pas particulièrement attrayant. Mais tout de même, le livre sentait bon - oui, c'est important, un livre qui sent bon. Tu aimes beaucoup, quand tu découvres un écrit, faire défiler ses pages à toute allure en sentant leur caresse sous ton pouce, et glisser tes narines tout près, humer le doux fumet qui s'en dégage... Etrangement, chaque livre semble avoir son odeur. Certains sentent le bon papier, la bonne encre, et c'est généralement bon signe, alors que d'autres semblent plus fades ou carrément ont mauvaise odeur. C'est un peu comme comparer deux sachets de foin : c'est la même plante et pourtant, l'un porte en lui le parfum des alpages, avec tout ce qui va avec : rayon de soleil d'été, couleurs chatoyantes des fleurs sauvages, bruit étouffé du lourd sabot des vaches qui se pose dans les champs... ; et puis l'autre qui ne sent rien, ou pire, le rance, le sec. Il y a dans l'un l'odeur de la vie et du monde, et dans l'autre un vide, un rien qui vous désarçonne...

    Ce Que j'ai vu et pourquoi j'ai menti, lui, sentait bon. Et même, très bon. Tu as senti une sorte d'odeur coulante, épaisse, qui glissait comme un courant d'air sur tes papilles et ton palais pour aller s'épaissir au fond de ta gorge, comme si tu avalais l'ombre du miel ou du beurre, le sirop d'un parfum. C'est le papier, c'est l'encre, c'est le début d'une intrigue... Alors tu as ouvert le précieux petit ouvrage et tu as commencé ta lecture.

     

    « L'allumette a craqué et s'est embrasée. Je me suis réveillée. J'ai entendu maman inspirer en prenant une longue taffe de sa cigarette. Ses lèvres collaient au filtre, elle avait donc encore du rouge à lèvres. Elle avait passé une nuit blanche. »

     

    Premiers mots, premières phrases dont on s'aperçoit qu'ils appartiennent à une scène volée dans le futur d'une histoire qui débute en fait quelques semaines plus tôt, à la fin des grandes vacances. Evie est une jeune fille de quinze ans dont le père a quitté sa beauté fatale de mère avant sa naissance. L'adolescente ne te laisse pas indifférente, elle ne mesure pas sa beauté timide que sa mère participe grandement à dissimuler en ne remarquant pas qu'Evie grandit et en lui faisant malencontreusement de l'ombre, tant la jeune femme, Beverly, brille comme un soleil. Mère à 17 ans, elle est encore très jeune et rayonne, dans chacun de ses gestes ; à côté, Evie se sent transparente et n'arrive pas à s'affirmer. Tu te sens proche de cette enfant qui ne parvient pas à grandir, effacée, quelque peu solitaire et dont la personnalité reste difficile à cerner. Elle est attachante mais... comment se sentir complice avec une enfant qui est si distante qu'elle obéit toujours à ce que lui demande cette mère angélique qu'elle aime tant, allant jusqu'à négliger ses propres désirs ? Voilà le problème d'Evie : on a du mal à réellement l'apprécier. On l'aime bien, on la comprend, mais il est difficile de s'attacher plus à elle, il n'y a pas cette petite étincelle qu'il peut parfois y avoir avec d'autres personnages, dans d'autres livres. La manière d'Evie de raconter l'histoire, sa manière de réagir et de souvent s'abstenir de juger clairement les choses, sa faiblesse, finissent par te désarçonner, comme si elle parvenait, au-delà des pages, à être transparente même pour toi. Et comme on voit toute l'histoire à travers ses yeux, c'est toute l'histoire qui semble transparente, un peu hermétique ; elle se lit bien, cette histoire, mais on ne la déteste ni ne l'adore, c'est un peu... neutre. L'intrigue est pourtant intéressante, avec cette histoire d'amour qui débute, cette ambiance de vacances sous les cocotiers dans un hôtel au luxe un peu défraîchi, juste après le guerre 39-45. C'est vrai que le thème des vacances luxueuses dans un pays chaud, ici la Floride, est assez exploité dans d'autres livres et contribue à ajouter une touche impersonnelle dans le roman, mais malgré cela, l'ombre du mystère, l'arrivée de Peter, beau jeune homme aux allures de prince charmant, la découverte de terribles secrets, et puis une aventure qui devient de plus en plus horrible de telle sorte qu'elle détruit petit-à-petit l'enfant qu'est Evie, tout cela aurait pu être croustillant et très intéressant. C'est un roman d'apprentissage, un vrai, dans lequel l'adolescente finit par être forcée de devenir bien plus adulte que... les adultes. Tout cela, en un mois et-demi. Et dans une ambiance d'après-guerre qui pourrait plaire. Seulement voilà, il y a la barrière de la narration trop impersonnelle et de ces personnages auxquels on n'arrive pas à s'attacher réellement. On plonge dans l'enfer d'une famille qui semblait pourtant si parfaite avec une certaine distance, car on n'arrive pas à entrer, à plonger tête la première au coeur de l'histoire ; tu as eu l'impression de vouloir y entrer, mais de te heurter à un mur qui te permettait seulement de suivre l'intrigue à distance raisonnable, de telle manière que tu ne ressentes pas toi-même les sensations des personnages. Voilà, c'est ça, tu n'as pas pu te mettre à leur place. Il manquait cela. Tu as bien aimé les découvertes que tu as faites, bien aimé les révélations et les mystères qui planent jusqu'au bout pour te permettre de te faire ta propre idée de la réalité. Mais tu n'as pas eu l'impression, comme avec d'autres livres, d'oublier qui tu étais, où tu étais, pour fusionner avec l'oeuvre. Tu pouvais sortir du livre très facilement, il suffisait qu'une mouche vienne se poser sur ta main pour que tu te déconcentres et que tu doives reprendre ta lecture quelques lignes plus haut, pour mieux comprendre.

    A cela, tu ajoutes aussi une petite remarque à propos des prolepses, assez nombreuses au début du roman, du style : « Je ne savais pas encore que nous étions poursuivis » ou « C'est à partir de ce moment-là que tout basculerait ». Bien des fois, ces prolepses t'ont mis l'eau à la bouche, tu t'es dit : « chouette, voilà que les choses accélèrent, le suspens est au rendez-vous », et pourtant, l'événement annoncé t'apparaissait bien peu important par-rapport à ce que ces petites phrases semblaient en dire. Sur le moment, on est déçu ou simplement dans l'incompréhension : on ne comprend pas où l'auteure veut en venir.

     

    En fait, Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti a ce défaut-là qu'il semble n'être écrit que pour la révélation de la fin : si on ne la lit pas, on pense qu'on a lu un petit livre sympathique qui n'avait aucun but à démontrer, écrit un peu « gratuitement » en quelque sorte, même si l'expression peut paraître dure. Le problème, c'est qu'on ne peut pas en vouloir à l'auteure : elle a choisi une narratrice dont le caractère se devait d'être ainsi, pour qu'on la voit évoluer au cours du roman, que l'on remarque bien la différence entre le début et la fin, que le lecteur vive l'intrigue avec la même naïveté et soit surpris, choqué, par les révélations de la fin, tout comme Evie. C'est pour cela que tu ne peux pas dire que tu n'as pas aimé cette oeuvre : elle est intéressante par ce qu'elle démontre mais le risque, c'est qu'on s'en désintéresse avant la fin, bien qu'il ne soit pas spécialement ennuyeux, mais pas non plus entraînant. Neutre, encore une fois.

     

    Ton impression finale, c'est celle d'un bon roman d'apprentissage, qui se lit bien mais qui par son essence même, ne conduira peut-être pas le lecteur à un véritable coup de coeur. 

     

     

     

    Chronique réalisée pour le compte de Gallimard Jeunesse sur leur site : http://groups.skyrock.com/group/8a2m-ON-LIT-PLUS-FORT-Harry-Potter-Fantasy/1 (pas encore publié par le chroniqueur officiel)

     


     

     

     

     


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